Les trois organisations patronales représentatives du secteur Transport & Logistique ont sorti la calculette pour expliquer l’intérêt du diesel professionnel pour les finances de l’Etat belge de même que son impérieuse nécessité pour la viabilité des entreprises belges de transport.
TLB s’étonne donc grandement de la sortie du Président Conner Rousseau (Vooruit) quant à sa suppression programmée.
« En vérité, nous sommes dépités de devoir systématiquement rappeler des évidences mathématiques simples » explique Bruno Velghe, Président de TLB.
« Le diesel professionnel rapporte annuellement 1 milliard aux caisses de l’Etat !
Les transporteurs étrangers qui traversent la Belgique (plus d’un camion sur deux, selon les chiffres officiels de Viapass !) y font le plein.
Sur les routes, après les camions belges (47,4%), ce sont, les camions polonais (10,5%), néerlandais (9,4%), lithuaniens (6,3%), roumains (5,9%), français (3,4%) et allemands (3,2%) qui sont les plus présents sur nos routes.
Ces derniers ont tout le loisir de faire le plein ailleurs qu’en Belgique.
Pourtant, c’est en Belgique qu’ils s’arrêtent pour tanker.
Assurément pas pour profiter de la qualité de nos aires de repos ….
Mais précisément parce qu’en Belgique, il y a le diesel professionnel.
Après remboursement d’une partie des accises payées (19 cents par litre sur les 60 cents payés à la pompe), ils ont laissé en Belgique la modique somme de 716 millions en 2024.
Pour leur part, les transporteurs belges ont récupéré 253 millions d’euros, au titre du diesel professionnel. Tenant compte de ce remboursement, ces derniers ont payé 539 millions d’euros d’accises au Trésor public fédéral.
Le secteur transport paye donc très largement sa contribution au ‘vivre-ensemble’.
Au fédéral d’une part, via les accises. Aux régions d’autre part, via la taxe kilométrique.
Cette dernière a généré un milliard de recettes régionales en 2024. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
Pour TLB, les chiffres démontrent, de manière on ne peut plus objective, que toucher au diesel professionnel, c’est prendre le risque de se priver de près d’un milliard d’euros de recettes fiscales.
La plupart des partis du Gouvernement fédéral l’ont bien compris en faisant préciser dans la déclaration du Gouvernement Arizona que « Nous maintiendrons un avantage compétitif pour le diesel professionnel, suffisamment important par rapport à la France et aux autres pays voisins. »
TLB entend que cet engagement soit respecté.
Les représentants des transporteurs soulignent d’ailleurs deux éléments supplémentaires pour justifier le maintien du diesel professionnel.
Absence d’alternative valable aux camions diesel
D’une part, il n’existe pas encore d’alternative financièrement accessible pour l’écrasante majorité de nos membres. Sur les 140.000 camions (belges et étrangers) actifs quotidiennement sur nos routes, il n’y a pas 200 camions électriques !
Seuls 74 camions électriques de plus de 16 tonnes ont été immatriculés en Belgique au premier semestre 2025.
Indépendamment du coût astronomique des véhicules électriques, les difficultés opérationnelles sont encore innombrables, à commencer par les capacités de recharge rapides qui sont actuellement beaucoup trop réduites.
Directive ETS 2
D’autre part, Conner Rousseau semble oublier qu’en 2027 s’imposera la Directive
ETS 2.
Pour le secteur transport uniquement, en se basant sur les seuls chiffres des transporteurs qui introduisent une demande de remboursement du diesel professionnel, les transporteurs belges devraient augmenter leur contribution aux Finances de l’Etat de l’ordre de 160 millions.
A consommation égale (chiffres 2024), les transporteurs étrangers laisseront 210 millions de plus dans les caisses de l’Etat belge.
Toujours à consommation égale (chiffres 2024), les utilisateurs ‘carbonés’ de la route payeront, ensemble, plus d’1 milliard d’euro d’impôts supplémentaires.
Le calcul est simple : 45 €/tonne de CO2 correspond à approximativement 12 cents d’augmentation par litre.
Il suffit de multiplier la consommation d’essence (3,6 milliards de litres en 2024) à celle du diesel (6,6 milliards de litres en 2024) par 0,12 eurocents.
Reste à soustraire les remboursements liés au diesel professionnel (253 millions pour les entreprises belges et 296 pour les transporteurs étrangers) et vous avez une belle question pour l’épreuve 2025 du CEB.
« J’imagine que c’est avec bonheur que Conner Rousseau découvrira que les particuliers payeront également la TVA de 21 % sur cette augmentation de la fiscalité automobile.
Encore des recettes ! » se désole, Bruno Velghe.